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Association Terr’Eau

26 Février 2022

Quelques jours avant notre départ de Toulouse en direction de l’Ariège, j’appelle Didier au téléphone. Il avait complètement oublié que nous débarquions ce week-end chez lui. Il avait même d’autres choses de prévu dans un département voisin. L’espace d’une journée, nous avons donc remis en question notre passage en Ariège. C’était un petit ascenseur émotionnel, nous devons l’avouer.

Finalement, Didier a réussi à s’organiser autrement et nous, à arriver 1 jour plus tôt. Nous sommes ravis d’avoir pu rencontrer cet homme à l’écoute, calme et très dynamique. Après 110 km le long de la Garonne, puis du Salat, nous arrivons à Saint-Girons. La maison de Didier est le siège social de l’association Terr’Eau. Une pièce au rez-de-chaussée est réservée à des activités associatives et artistiques. Au-delà d’être un des membres fondateurs de cette association, Didier fait partie d’un groupe de musique traditionnelle, de deux groupes de chant, de la coordination vélo Couserans, de la Tontinette (Terre de Lien local) et d’autres dynamiques de lutte contre le rouleau compresseur capitaliste comme il aime le décrire.

Interview de Didier
Marché de Saint-Girons

D’ailleurs, à peine les vélos posés, nous partons à Castelnau Durban pour participer à une soirée de soutien à une famille géorgienne arrivée dans la région deux ans auparavant. Le père, fonctionnaire de l’état géorgien, fût obligé de fuir son régime suite à de nombreuses menaces sur sa famille. Aujourd’hui, la famille vit dans une maison abandonnée au sein d’un hameau, qui a été ouverte pour elle par des paysans du coin. Un collectif s’est créé pour acheter la maison en question. L’objectif à terme, est de créer un espace pour accueillir des personnes en détresse et de pouvoir ainsi leur proposer un logement. Le projet se nomme la Maison des Solidarités. N’hésitez pas à soutenir leur campagne de financement participatif (lien à la fin de l’article). La soirée fût rythmée par les chants, les danses et un repas géorgien succulent.

Le samedi matin, nous avons pu profiter du marché de Saint-Girons. C’est un événement très animé dans le pays couserans car il s’agit du seul moment de la semaine où tous les habitants descendent de leurs vallées pour se retrouver. Même en plein hiver, le marché est très grand. On y retrouve des musiciens et artisans en tout genre. C’est dans cette ambiance festive que l’on a vraiment pu sentir le caractère dynamique et militant de l’Ariège.

Après toutes ces découvertes, nous avons pu nous installer tranquillement dans l’espace qu’occupe Didier dans des jardins ouvriers. Il faisait beau. Pas un nuage. Nous étions entouré des montagnes enneigées tout en étant en petit pull en fond de vallée. Là, nous avons posé les micros et discuté pendant une paire d’heures.

L’histoire débute avec l’explosion de l’usine d’AZF (fabriquant d’engrais azotés) en 2001. Pour le 2° anniversaire de cet accident majeur, un petit groupe d’ARESO (Association Régionale d’Éco-construction du Sud Ouest) a installé des toilettes sèches à la Prairie des filtres, en plein centre de Toulouse. Une belle manière de rappeler que nous n’avons pas besoin de ce type d’usine en recyclant nos nutriments en agriculture. Cette action militante a remporté un grand intérêt de la part du public. Cela a donné envie à ce groupe de mettre  en place une activité de location de toilettes sèches pour des manifestations publiques sous le nom de « Justin Cagadou ». Cette activité a ensuite été portée par « L’atelier blanc » et, en février 2007, ce groupe informel a donné naissance à l’association Terr’Eau. Celle-ci a pour objectif de sensibiliser le grand public aux enjeux de l’assainissement écologique. Avec le temps, l’association a déménagé en Ariège et a suspendu la location de toilettes sèches qui ne lui paraissait plus un outil de sensibilisation efficace.  Elle s’est tournée vers la formation et l’accompagnement de particuliers et de collectifs à la réflexion et à l’auto-construction de systèmes d’assainissement non-collectif simples, adaptés à chaque situation, efficaces et sobres en matériaux.

Coucher de soleil sur les Pyrénées
Interview dans le jardin de Didier

En parallèle, Terr’Eau a réalisé plusieurs actions sur la précarité sanitaire. Avec l’association « Toilettes Du Monde », elles faisaient partie des organismes référents sur le sujet. Ces deux structures ont d’ailleurs mis en valeur leurs expériences en rédigeant le Guide d’Accompagnement participatif sur la Précarité Sanitaire en France (GAPS). Il s’agit d’un document très complet qu’il faut absolument s’approprier avant la réalisation d’un projet de précarité sanitaire. Une méthode claire et précise y est développée. Si l’on grille l’une des étapes décrites dans ce document et en particulier celle du diagnostic, il y a de grandes chances pour que le projet n’aboutisse pas. La précarité sanitaire est un sujet complexe. L’accompagnement de ces populations prend du temps et il n’y a pas de solution unique.

En matière de sensibilisation, au-delà des différents événements et outils de communication réalisés par l’association Terr’Eau, celle-ci a développé un jeu de société autour des thématiques de l’eau et de l’assainissement. Ce jeu s’appelle « In Excremis, le quizz de Terr’Eau ». Il s’agit d’une sorte de trivial pursuit qui peut se jouer en mode coopération ou compétition. Nous avons pu l’expérimenter. Malgré notre connaissance du sujet, nous y avons appris plein de choses. Le jeu est très bien sourcé et permet à tout un chacun d’aller facilement chercher l’information si on le souhaite.

Nous quittons Didier avec tristesse pour nous enfoncer plus loin dans les montagnes à Castillon-en-Couserans. Nous y retrouvons des copains en colocation qui, comme tous les gens de ces vallées, vivent de pas grand chose si ce n’est de l’entraide et de la débrouille.

Le lendemain, nous ferons le col de Portet-d’Aspet. Il faudra pousser fort sur les pédales pour arriver à passer les pentes à plus de 10% avec les sacoches !

Cliquez ici pour accéder au site de l’association Terr’eau.

Cliquez ici pour accéder au Guide d’Accompagnement participatif sur la précarité sanitaire (GAPS)

Participez à la campagne de crowdfunding de la maison des solidarités

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