11 Mai 2022
Mercredi matin, retour à la case départ. On retourne à l’école des Ponts et chaussées à Champs-sur-Marne. Le LEESU draine un grand nombre des chercheurs qui travaillent sur nos thématiques. Plusieurs personnes nous ont recommandé d’aller échanger avec Bernard.
Il nous donne rendez-vous dans son bureau, à l’étage de l’équipe de recherche OCAPI (cf article précédent).
On comprend assez vite que Bernard est fan de notre démarche. Il s’est pas mal déplacé à vélo plus jeune. Il était parti voyager dans le sud de la France ainsi qu’en Belgique et aux Pays-bas. D’ailleurs, à l’époque, les pays-bas étaient les seuls à avoir développé autant d’infrastructures pour les cyclistes. Le devant de la gare d’Amsterdam était déjà, dans les années 90, plein de garage à vélo.
Bernard a un parcours assez particulier. C’est un ingénieur de formation. Il a effectué l’école Centrale Lille. D’une forte sensibilité pour les sciences sociales, il a fait le choix d’aborder la technique sous l’angle de la sociologie. Il a réalisé sa thèse sur : les différents modèles de gestion de l’eau et l’assainissement en Argentine. Depuis de nombreuses années maintenant, il s’est spécialisé sur les méthodes alternatives de gestion des eaux pluviales.
Bernard est quelqu’un de très humble. Il ne vous le dira pas mais il s’agit d’un chercheur référent en matière de gestion des eaux pluviales en France. Ces recherches ont notamment permis de populariser leur réutilisation. Pendant longtemps, les eaux pluviales étaient un peu le parent pauvre de la gestion de l’eau. Du moment qu’il n’y a pas d’inondation, peu de gens s’en soucient. De plus, l’utilisation des eaux issues de la toiture directement au sein d’un bâtiment n’a pas fait l’objet d’une réglementation avant 2008. Ces usages sont encore aujourd’hui très réglementés et peu répandus. La réglementation française ne favorise pas ce type d’installation sur la base du simple principe de précaution. En effet, en France, on préfère utiliser de l’eau potable pour tous nos usages par peur des risques de contamination. Au cours de sa vie, Bernard a notamment été impliqué dans les travaux de l’Association Scientifiques et Techniques de l’Eau et de l’Environnement (ASTEE). Dans cette structure, il s’est attaché, avec d’autres, à définir des règles techniques facilitant la réutilisation des eaux pluviales.
Avec Bernard, nous nous sommes questionnés sur la pertinence de réutiliser les eaux pluviales au sein des maisons. Sur le sujet, il a notamment dirigé une thèse dont l’ambition était de modéliser la quantité d’eau pluviale que l’on peut récolter sur l’agglomération parisienne et quels besoins peut-elle couvrir. Ce n’est pas une question évidente mais l’enjeu est gigantesque dans le contexte actuel de réchauffement climatique (accroissement des canicules et périodes de sécheresses).
Bernard nous a également fournit une analyse intéressante de l’évolution des techniques et technologies à travers le temps en matière d’assainissement. Nous avons également eu l’occasion d’aborder la question majeure du confort. Et oui, car qu’est ce que le confort ? Comment permettre aux usagers de se réapproprier la gestion de leurs matières ? Faut-il qu’ils/elles se les réapproprient ? Un grand nombre de question auxquelles peu de gens ont de réponses.
Nous avons vraiment aimé l’interview de Bernard. C’est quelqu’un de très nuancé dans ses propos. Cela nous apporte un autre son de cloche sur ce que nous avons pu entendre jusqu’ici. On en ressort avec 1000 autres questions.
On quitte ensuite son bureau pour rejoindre Louise devant l’université Gustave Eiffel. On avait déjà rencontré Louise à Paris avant de partir à vélo mais nous avions pas eu suffisamment de temps pour tout aborder. On est super content de la retrouver ! Quand on arrive, elle est justement en train de peindre une cabine de toilette sèches que l’université a installé à côté d’une cafétéria. La cabine a été fabriquée par l’entreprise Toilettes&co (cf article précédent). Elle est conçue de manière à être un lieu de démonstration et de sensibilisation pour les étudiant.e.s.
Avec Louise, nous avons donc pu visiter ces nouvelles toilettes publiques et échanger sur le projet Enville qu’elle développe. C’est passionnant ! Nous vous raconterons tout cela en détail dans le podcast.
Malheureusement nous n’avons pas le temps de déjeuner avec l’équipe d’OCAPI. Nous reprenons vite le RER pour rejoindre les Invalides, notre prochain rendez-vous avec la FNCCR (voir prochain article).
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