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La palmeraie des Alpes

Bye bye la Suisse ! ça y est, nous repassons du côté français.

Après avoir découvert des systèmes d’assainissement hors du commun chez nos voisins, nous rentrons à la maison. La route n’est pas terminée. La région Rhône-Alpes nous réserve d’autres aventures tout aussi incroyables.

Entre Genève et Grenoble, nous avons décidé de ralentir le rythme et de faire un peu moins de kilomètres. C’est un week-end long, le père de Victor en profite pour nous rejoindre et partager 2 jours de voyage avec nous. Il a équipé son vélo de route d’un petit porte-bagage arrière et en avant Guingamp ! Nos dates de rendez-vous à Grenoble se rapprochent. Nous n’avons finalement pas le temps de nous arrêter à Annecy et faisons le choix de faire le tour du lac du Bourget par les petites routes. ça grimpe fort mais les paysages sont magnifiques !

Vu sur les Aravis sublimée par les lumières de fin de journée et le mont-blanc en toile de fond
Victor et son père, Bertrand, au bord d’un étang.

Le week-end de trois jours a attiré la foule. Nous nous voyons refusés à l’entrée d’un camping par manque d’emplacements libres. Nous sommes obligés de pousser une dizaine de kilomètres plus loin pour trouver une douche chaude.

En arrivant dans la vallée du Grésivaudan, nous nous arrêtons pour manger au fort Barraux. Là, nous y découvrons un festival de jazz dont la scène principale donne sur la chaîne de montagnes du massif de Belledone. Le cadre est splendide ! Nous décidons d’y passer l’après-midi et d’assister à un concert. En fin de journée, nous reprenons la route et laissons le père de Victor retourner tranquillement sur Grenoble tandis que nous arrivons à notre prochaine étape : la Palmeraie des Alpes.

Nous sommes accueillis royalement par Renaud et Marie-Angèle. Affaires déposées, corps lavées, vêtements propres enfilés et nous voilà fin prêts pour réaliser un premier tour du propriétaire. Comme toujours, nous cherchons à comprendre le déclic initial qui a permis d’arriver à la situation qui est celle d’aujourd’hui.

Un festival de jazz au fort Barraux
La maison de Marie-Angèle et Renaud au pied de la dent de Crolles

Renaud a toujours été attiré par les plantes méditerranéennes. Venant de Belgique, sa migration vers les Alpes était considéré pour lui comme un rapprochement important vers le Sud. A l’époque, il a donc tenté de faire pousser des Palmiers au cœur des Alpes. Son expérience fût si réussi qu’il quitta son travail pour se lancer dans une activité de pépiniériste. Rejoint ensuite par sa femme, ils décidèrent de créer ensemble la Palmeraie des Alpes il y a maintenant plus de 20 ans : le premier avril 1995, ils plantèrent le premier palmier et en 2002 ils se mirent à plein temps à la culture de plantes si possible au look exotique. Spécialisé dans un premier temps dans les plantes ornementales inconnues au bataillon dans les environs de Grenoble (exotiques), ils font le choix d’élargir leur gamme à des plantes nourricières plus communes sur le territoire. Tous les deux passionnés par leur métier, ils cherchent vraiment à comprendre le fonctionnement d’une plante et en particulier ses besoins pour grandir. Nous avons donc beaucoup parlé d’eau et de nutriments.

En effet, pour Renaud, l’eau est un élément essentiel du processus de croissance des plantes. Il s’est donc attaché à expérimenter différentes manières d’apporter de l’eau à une plante. L’objectif étant de limiter au maximum l’évaporation lors de l’arrosage mais aussi de comprendre le pourcentage de cette quantité d’eau qui part sous forme d’évapotranspiration (phénomène de transformation de l’eau liquide en vapeur d’eau par transpiration des plantes). Pour cela, il a mis en place un système d’irrigation original sur son exploitation.

Son activité de pépiniériste l’amène à devoir quotidiennement porter les pots dans lequel chaque plant pousse pour les déplacer, les classer, etc. Afin de ne pas avoir à les soulever pour les nourrir (notamment lorsqu’ils sont gorgés d’eau), il a conçu un système de bassins de rétention successifs. Son terrain est en pente. Il l’a creusé sur une certaine profondeur, y a intégré une couche imperméable dans le fond et a remplit ces bassins de pouzzolane. Une couche de géotextile par dessus et hop, c’est parti ! Il n’a plus qu’à déposer les plants sur le géotextile et à maintenir ces bassins en eau. Le liquide remonte par capillarité dans les pots. La plante a donc continuellement accès à l’eau dont elle a besoin. En contrebas de son terrain, un bassin final à ciel ouvert équipé d’une poire de niveau permet à Renaud de connaître la hauteur d’eau dans la couche de pouzzolane et de renvoyer l’eau écoulé non consommée à l’entrée du système. L’eau de pluie qu’il a l’occasion de récupéré avec ses toitures sert évidemment à alimenter le système. Toutefois, la consommation de son activité de pépiniériste est tellement grande que cela ne suffit pas. L’eau du réseau d’eau potable de la ville est donc parfois utilisée. Avec ce système, il a cependant divisé par 3 sa consommation d’eau sur la pépinière.

De l’urine nitrifiée et un livre sur son utilisation comme engrais
Des roses et des montagnes

Pour se développer, les plantes ont également besoin de nutriments. Renaud les classent de la manière suivante : les engrais d’un côté et les sels minéraux de l’autre. Sur les engrais, Renaud s’est depuis toujours intéressé à l’utilisation de l’urine. Pendant plusieurs années, il a testé l’alimentation de plusieurs plantes (dont des plants de tomates par exemple) avec différentes solutions à base d’urine : de l’urine pure, de l’urine diluée par 5, diluée par 10, de l’urine nitrifiée, etc. Il a également pu tester différentes fréquences d’apport ainsi que plusieurs périodes d’apports. Les résultats obtenus furent assez extraordinaires. C’est pour lui une formidable ressource permettant de remplacer les engrais de synthèse ! Fort de ces résultats, il a décidé de les diffuser au plus grand nombre en écrivant un livre sur le sujet : « l’urine, de l’or liquide au jardin ». Ce livre est le principal ouvrage français qui permet à n’importe quel particulier d’avoir un mode d’emploi sur la manière d’utiliser son urine au jardin. C’est un vrai guide compréhensible par tout un chacun. Il est désormais bien connu de celles et ceux qui ont la main verte.

Malgré toute cette connaissance accumulée au fil des années, Renaud n’utilise pas son urine dans son activité de pépiniériste. La réglementation le lui interdit et c’est bien dommage.

Le soir, lors d’un repas que l’on pourrait qualifier de banquet tellement la table était couverte de produits locaux d’une super qualité, nous mettons de côté tous ces sujets agronomiques et partageons nos histoires de vie. L’occasion pour nous de découvrir la passion de Renaud pour la musique et sa grande connaissance en la matière.

La serre principale de la pépinière
Renaud de Looze nous fait visiter de la palmerai

Le lendemain, la palmeraie ouvre ses portes à 10h. Nous nous levons plus tôt pour avoir le temps de découvrir un lieu hors du commun : la palmeraie secrète. C’est un terrain qu’il possède depuis de nombreuses années et sur lequel il a planté beaucoup de palmiers. Certains commencent donc à avoir un certain âge et sont de très grande taille. C’est assez rigolo de se retrouver en fond de vallée au milieu de ces palmiers face au massif de Belledonne. Merci à Renaud de nous avoir ouvert les portes de son jardin secret. C’est une belle marque de confiance. Nous en avons été vraiment touchés.

Nous rentrons rapidement à la pépinière, juste à temps pour l’ouverture des portes. Plusieurs personnes attendent déjà devant le portail. La journée s’annonce longue pour Renaud et Marie-Angèle. Nous les laissons travailler et continuons notre route vers Grenoble.

Cliquez ici pour accéder au site de la Palmeraie des Alpes

Cliquez ici pour accéder au livre de Renaud de Looze

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