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Lionel Jordan-Meille

16 Mars 2022

Sur la route, on nous a donné le contact d’un chercheur de l’INRAE de Bordeaux en nous disant : « tenez, allez le voir. Il est très intéressant à écouter. » Chose dite, chose faite. Un coup de téléphone et Lionel nous donne un horaire et une date. Il s’est tout de suite rendu disponible.

N’ayant pas de téléphone portable, Lionel nous donne rendez-vous au miroir d’eau sur les quais de la Garonne. Comme nous, il est à vélo. Il a une magnifique selle Brooks qui a vu du pays. Le temps est froid et la nuit est en train de tomber. Lionel connaît un bar dans lequel on pourra réaliser l’interview tranquillement. C’est la première fois que l’on enregistre dans un bar. On appréhende un peu le fond sonore et les bruits pouvant parasiter l’interview. On s’installe finalement à l’étage où il n’y a personne. Le lieu est parfait. L’interview commence assez rapidement. Il promet d’être passionnant !

Lionel Jordan-Meille est chercheur à l’Institut National de Recherche en Agronomie et Environnement (INRAE) et enseignant à Bordeaux Sciences Agro, école d’agronomie de Bordeaux. Dans ses cours, il enseigne aux étudiants les différents cycles de nutriments existants et toutes les spécificités nécessaires à la bonne alimentation d’une plante. Pour nous avoir raconté les formats de cours qu’il a développé pour rendre intelligible ces différents sujets, c’est sûrement la meilleure personne à interviewer pour vulgariser les sujets de nutrition des plantes.

Lionel Jordan-Meille – enseignant-chercheur à Bordeaux Sciences Agro

Ses premières recherches portent principalement sur les apports en phosphore et potassium chez les végétaux. Depuis, ses sujets ont légèrement évolués puisqu’ils abordent de plus en plus les liens pouvant exister entre l’agriculture et l’énergie ainsi que l’importance d’une bonne nutrition des végétaux en situation de stress hydrique. Il a notamment réussi à confirmer qu’une plante en carence de potassium résistait moins bien à une situation de stress hydrique. Ce type de résultat est très important, notamment dans la situation vers laquelle on évolue avec le réchauffement climatique et les périodes de sécheresse intense qui nous attendent.

Avec Lionel, nous avons donc pu parler de : cycles biogéochimiques, d’épuisement des réserves de phosphore, de quantités de matières organiques produites en France, de biostimulants, de méthanisation et des évolutions du modèle agricole actuel.

En plus de ces activités d’enseignement et de recherches, Lionel Jordan-Meille est président de l’association COMIFER, le Comité Français d’Etudes et de Développement de la Fertilisation Raisonnée. C’est une association qui rassemble de nombreux professionnels de la fertilisation. Elle constitue des groupes de travail se réunissant plusieurs fois par an sur des thématiques très précises telles que la fertilisation azotée, la fertilisation organique et biologique des sols, les produits résiduaires organiques, etc. Les travaux réalisés par ces groupes de travail aboutissent généralement à des publications. Le COMIFER est un peu l’organisme de référence pour produire de la documentation technique en matière de fertilisation en France. Nous avons donc frappé à la bonne porte.

Interview à l’étage du bar le Saint-Georges

Cet entretien a été assez marquant pour nous. Il nous a permis de prendre vraiment conscience de l’urgence qu’il y a à trouver de nouveaux intrants agricoles et de nouvelles méthodes pour fertiliser nos sols. Sur le phosphore, l’enjeu est immense puisque les mines de phosphore seront épuisées dans les décennies à venir et que c’est un élément minéral que l’on ne peut pas substituer. Une des phrases marquantes de cet entretien est lorsque Lionel a dis : « Vous êtes en train d’aborder LE sujet qui permettra la survie de l’humanité s’il est résolu. » Rien que ça…

Petite anecdote marrante : un moment donné, les serveurs du bar ont balancé de la musique à fond (« bande organisée ») alors qu’il n’y avait personne dans le bar. On espère que cela n’a pas trop pourri notre interview et qu’ils se sont bien amusés. C’était tellement drôle comme décalage.

Merci à Lionel de s’être rendu si disponible. On espère rester en contact avec lui et pouvoir continuer à échanger avec son équipe de recherche ainsi qu’avec le COMIFER.

Cliquez ici pour accéder au site du COMIFER.

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