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Mathilde Besson

12 Mai 2022

Il s‘en est fallu de peu pour que l’on rate Mathilde sur Paris. Elle navigue aujourd’hui entre Toulouse et la capitale. Nous l’avions déjà manqué une fois en territoire toulousain. Cette fois-ci, il fallait absolument que l’on tombe la bonne semaine. En effet, Mathilde travaille à mi-temps en post-doc à l’INSA Toulouse et à mi-temps au sein du bureau d’études Le sommer Environnement.

Elle nous reçoit dans leurs locaux près de la Bastille. Après une brève visite des bureaux, nous allons dans la salle de réunion située au sous-sol. Malgré son caractère enterrée, il y a une belle lumière. C’est un bel endroit pour prendre des photos. Nathan mène la discussion. Victor est à la technique. L’interview peut démarrer.

Interview dans le sous-sol du Sommer Environnement

Commençons par présenter Mathilde. Elle a réalisé son parcours d’ingénieur au sein de l’INSA de Toulouse. Ensuite, elle a eu l’occasion de réaliser une thèse au sein du Toulouse Biotechnology Institute (TBI). Sa thèse, elle la réalise dans le cadre des projets MUSES et DESIGN. Ces deux programmes de recherches visent à modéliser différents scénarios d’assainissement à l’échelle d’un quartier suivant plusieurs échelles de densité de l’habitat.

En effet, lorsque l’on part de la feuille blanche, un nombre important de systèmes d’assainissement peuvent être imaginés sur un quartier en construction. Le plus répandu est le raccordement au réseau public et l’envoi des effluents en station d’épuration. Néanmoins, Mathilde a souhaité tester d’autres possibilités telles que : la séparation et la gestion des urines sur place tout en envoyant les autres effluents en station de traitement ou bien encore la mise en place d’un réseau d’assainissement sous vide pour les eaux noires provenant des toilettes. Pour ce dernier système, ce n’est plus l’eau qui sert de moyen de transport mais l’air. Les réseaux sont sous vide et les effluents sont aspirés jusqu’à la station de traitement. Cette technologie a notamment été expérimentée en Allemagne et aux Pays-bas. Toutefois, elle est peu présente en France, si ce n’est dans nos trains SNCF.

L’objectif final de ces modélisations était la comparaison économique mais surtout environnementale de ces différentes solutions. C’est notamment par une Analyse de Cycle de Vie (ACV) que Mathilde a pu distinguer les avantages et inconvénients de ces solutions techniques. Dans tous les zones d’habitat moins denses (pavillonnaires), il est intéressant d’observer que la pose et l’entretien de réseaux enterrés est le principal poste d’émission de C02 d’un système d’assainissement. Ce résultat amène à penser que, d’un point de vue environnemental, il est plus intéressant de recourir à des systèmes décentralisés. Mais c’est surtout la valorisation de l’azote qui permet les plus grand bénéfices : en limitant les émissions directes dans l’air au niveau de la station et en permettant d’éviter le production d’engrais azotés fortement consommateur de gaz naturel.

En parallèle, l’équipe de recherche de l’INSA Toulouse cherche à développer des procédés d’extraction des nutriments présents dans nos eaux usées. A l’inverse des méthodes sur lesquelles travaillait Tristan Martin chez OCAPI (cf article Tristan Martin), les procédés d’extraction sont des traitement implantés au sein des stations d’épurations pour isoler des nutriments tels que l’azote ou le phosphore. Le procédé testé par l’INSA fait actuellement l’objet d’une autre thèse. Il s’agit d’un système de filtration membranaire qui demande actuellement trop d’énergie au regard des quantités de nutriments récoltés. Cela rejoint également notre rencontre avec l’entreprise MAANEO basée à Toulouse qui développait un procédé d’extraction du phosphore.

Tout comme Bernard de Gouvelo, Mathilde nous a apporté un regard plus nuancé sur sa vision de l’évolution de l’assainissement dans les années à venir. Il lui semble aujourd’hui délicat de mettre de côté tous les réseaux d’assainissement et leurs stations d’épuration. C’est un patrimoine colossale qui a notamment son utilité. Elle imagine plus facilement la mise en place de systèmes mixtes où la station de traitement deviendrait une station de valorisation. C’est dans le changement de paradigme de ces ouvrages que se trouve la véritable révolution des toilettes selon elle.

En parallèle de ses activités de recherches, Mathilde accompagne des projets d’installation de système de séparation à la source des urines à l’échelle de bâtiment tertiaire avec Le Sommer Environnement. On espère que les demandes ne feront qu’augmenter et que ces systèmes se généraliseront pour la construction de bâtiments neufs !

Merci à elle d’avoir pris le temps de nous expliquer ses travaux de recherches.

Cliquez ici pour accéder à la thèse de Mathilde Besson

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Cliquez ici pour accéder au site de Le Sommer Environnement

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